01 Curés
de Xaintrie


Créé 07/07/12
MAJ 21/05/19
MAJ 03/07/20

Genèse
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Genèse
Pierre Semetes ou le destin tragique
d'un prêtre jureur par J. Paul Duquesnoy


Nous réinjectons ici les pages revues et épurées
de notre ancien site 'PAYS DE LA XAINTRIE'

Genèse des Curés de Xaintrie

Alphabétique

? - A - B - C - D - E - F - G - H - I - J - K - L - M - N - O - P - Q - R - S - T - U - V - W - X - Y - Z
Par Périodes
A partir de l'an : 1000 - 1501 - 1601 - 1701 - 1801 - 1901 - Sans dates




Arbre réalisé par Jean Fioroni

Le patronyme de SÉMÉTÈS est assez rare en France et quasiment inexistant en Corrèze. La famille du prêtre dont nous évoquons ici la vie en est la seule représentante, et ce durant une durée relativement courte: trois ou quatre générations, Pierre Sémétès étant le dernier homme du nom. Leur origine est vraisemblablement cantalienne. Dans les documents à notre dispositions, l'orthographe de ce nom est fréquemment SÉMÉTÈS, mais l'on trouve également SEMÉTES et SEMÉTÈS, cette dernière trahissant la prononciation ordinaire, c'est pourquoi nous optons ici pour cette forme.

Une origine cantalienne?
Né le 10 juillet 1766 à Goulles dans le village du Teulet, à la confluence des trois départements de la Corrèze, du Lot et du Cantal, Pierre Sémétès est le fils de Durand (prénom surprenant!) Sémétès, qualifié tantôt de «laboureur», tantôt de «travailleur», et de Marguerite Debertrand (ou Dabertrand). Cependant, il ne nous est pas possible de confirmer cela, car son acte de naissance n'existe plus, les registres de baptêmes, mariages et sépultures de la paroisse de Goulles ayant disparu pour cette période. Quant à sa mère, lors de son mariage avec celui-ci, avant novembre 1753, elle était veuve en premières noces d'un dénommé Jean Gramond et dont elle n'avait pas eu d'enfant. Durand Sémétès, laboureur de son état et ne sachant pas signer, devait posséder un petit patrimoine que son mariage avec Marguerite Debertrand permet d'agrandir. Le 30 octobre 1753, le couple tient quitte le frère et la soeur du premier mari de Marguerite « de tous les intérêts que le feu Jean Gramont avait laissé arriérer et accumuler dans la maison de ladite Debertrand pendant leur mariage (...), moyennant la somme de 184 livres»(1). La vente ainsi faite des droits issus de son premier mariage permet à Marguerite Debertrand de racheter d'autres droits familiaux venant à un de ses oncles.(2) Le 18 juillet 1759, ils achètent encore deux lopins de jardins(3). Les quelques revenus qu'ils ont leur permettent de continuer à regrouper sur leurs têtes les différents droits de successions de la famille Debertrand: le 28 mars 1764, «Marguerite Debertrand fait cession à Durant Sémétès et Marguerite du nom Debertrand, ses beau-frère et soeur, de tous les droits et prétentions qu'elle pourrait espérer et prétendre sur les successions échues de feus Gaspard Debertrand et Marie Martinge ses père et mère, même de tout ce qui pourrait lui advenir par les décès de feus Antoine, Jacques, Jean et Marie Debertrand ses frères et soeur (...) moyennant les prix et somme de 450 livres et 20 aulnes de toile moitié mâle,

N.D.L.R.- Vers 1900, des SEMETEYS ou SEMETHEYS sont signalés à Aurillac, dans le Cantal (ainsi que sans doute par émigration, dans la région parisienne: 94, 92), à Bordeaux et dans le Bordelais. Voir Laurent FORDANT, Tous les noms de famille de France et leur localisation en 1900. Paris, Archives et Culture, 1999, p. 822.   RJ

(1) ADC: E 9144, 1753, acte 46.
(2) ADC: E 9144, 1753 actes du 19 novembre (50) et du 24 décembre (42).
(3) ADC: E 9146, 1759 (27).

moitié femelle (4) dont ils payent cent livres et les toiles le même jour. Les 350 livres restantes devant être payées à raison de 40 livres par an à compter de ce jour »(s).
Avant la naissance de Pierre, le couple Durand Sémétès et Marguerite Debertrand avait déjà eu au moins quatre enfants: un fils, Géraut né le 27 mars 1758 qui ne vécut pas (déjà mort en 1766), et quatre soeurs: Jeanne qui épousera Antoine Madrignac et mourra deux mois après son mari le 24 septembre 1806, deux prénommées Marguerite, dont la première, l'aînée, épousera Jean Treissac et décédera le 28 juin 1783, la seconde, née le 17 février 1760 sera la femme de Pierre Calvet; et une quatrième prénommée: Françoise...
Tout semble aller pour le mieux pour la famille Sémétès, qui attend la venue au monde d'un nouvel enfant début 1766, quand, en février de la même année, Durand tombe malade. Le 21 février 1766, celui-ci «étant dans son lit malade, néanmoins en ses bons sens, parfaite mémoire et entendement, bien voyant, connaissant et entendant, sans être suggéré de personne et de son bon gré fait et ordonne de sa propre bouche, dicte son présent testament (...) duquel il donne et lègue par légat particulier à Jeanne, Marguerite seconde du nom et Françoise Sémétès, ses filles légitimes et de Marguerite Debertrand, à chacune d'elles la somme de deux cent livres payables savoir cent livres lors de leur établissement ou majorité, et le surplus à raison de trente livres année par année le tout sans intérêt qu'à défaut de payement auxdits termes. Donne et lègue de plus, par même forme que dessus, aux posthums ou posthumes dont ladite Debertrand peut être enceinte, soit mâle soit femelle, pareille somme de deux cents livres payables comme aux autres filles. Donne et lègue de plus à Marguerite Debertrand, sa chère femme, la somme de deux cents livres. Donne et lègue enfin tout autre produit au droit de ses biens a chacun d'eux la somme de cinq sols. Et institue sa légataire générale Marguerite Sémétès sa fille première du nom »(6). II meurt vraisemblablement peu après. Pierre Sémétès est ainsi le fils posthume de Durant Sémétès. Le fait de n'avoir jamais connu son père le marquera sans doute. Peut-être est-ce une des causes de son choix de la carrière ecclésiastique.

Ordonné prêtre à Tulle et jureur
Bien que Durant Sémétès meure encore jeune et en laissant des enfants orphelins en bas âge, sa veuve sait gérer les biens de la famille, qui reste dans une certaine aisance, comme en témoigne le contrat de mariage d'une des filles prénommée Marguerite avec Jean Calvet: le le' août 1780, « Marguerite Dabertrand, veuve de Durant Sémétès à sa fille à titre de dot la somme de 1350 livres, cinquante aunes de toile moitié mâle, moitié femelle, la garniture d'un lit consistant en neuf aunes de raze blécie ? de vingt-quatre sols l'aune, savoir deux cents livres du chef dudit Sémétès et le surplus de ladite Dabertrand ou d'autre Marguerite Dabertrand tante à ladite épouse future, en diminution de laquelle il en a été réellement compté sur ces présentes en bonnes espèces de cours audit Calvet savoir celle de deux cents livres par Jean Treyssac beau-frère de l'épouse future sur la somme de deux cents livres faisant le montant du legs que le feu Durant Sémétès avait fait à l'épouse future suivant son testament. Et pour ladite Dabertrand ceux de huit cent cinquante livres avec (les deux cents livres de Marguerite Dabertrand la tante). Les trois cents livres restant ladite Dabertrand mère a promis de payer audit Calvet savoir deux cents livres dans un an et les autres cent livres l'année suivante »(7).

(4) II s'agit de toiles de chanvre. Cette plante étant dioïque, on récolte séparément les deux plants: d'abord les mâles puis, trois semaines après, les femelles. Si l'on ne mélange pas les filasses obtenues par ces deux récoltes on peut tisser des toiles avec des fibres uniquemert ssues des plants mâles ou uniquement femelles. Cf. Antoinette COUGNOUX, «La toile de chanvre ic dans Lemouzi, N` 43 et 45, 1972 et 1973.
(5) ADC: E 9147, 1764 (40).
(6) ADC: E 9148; 1766 (19)
(7) ADC: E 9156, 1780 (94).

curé constitutionnel d'Eyrein le 1er avril 1791, en remplacement de l'abbé Delaroze, le titulaire de cette cure depuis septembre 1779, qui a refusé le serment. L'abbé Delaroze signe son dernier acte en qualité de curé d'Eyrein le lendemain 2 avril, le premier acte signé Sémétès curé d'Eyrein (un baptême) est daté du 14 avril. Le dernier (un baptême également) est du premier janvier 1792 et, le 18 janvier 1792, il est remplacé par l'abbé Talin. En effet, il avait donné sa démission de cette cure le 11 septembre 1791: Mgr Brival, le nouvel évêque constitutionnel de la Corrèze, l'avait nommé à Saint-Chamant le 18 septembre 1791, ce qui le rapproche de sa région natale. Cependant, il n'avait pas pris possession de ce poste immédiatement. II dû arriver à Saint-Chamant dans les premiers jours de janvier 1792, signant son premier acte, un enterrement, le 22 décembre 1791, avec quelques jours de retard. En qualité de curé constitutionnel, le montant de son traitement pour 1791 est de 1 045 Livres.(9) En 1792, ce traitement de curé de Saint-Chamant est porté à 1500 Livres.

Curé de Saint-Julien-le-Pélerin
Le 20 septembre 1792, l'Assemblée législative avait décrété la laïcisation de l'état civil. II tient les registres de Saint-Chamant en qualité de curé jusqu'au 14 janvier 1793, date à laquelle un membre du conseil municipal faisant provisoirement fonction d'officier public prend la relève en clôturant les registres de catholicité et en ouvrant ceux d'état civil. Cependant, il conservera sa fonction. En effet, dès le 20 janvier 1793, les déclarants comparaissent « devant (lui) Pierre Sémétès, membre du conseil général de la commune de Saint-Chamant élu (ce jour) pour recevoir les actes destinés à constater les naissances, mariages et décès des citoyens». Sa signature, à quelques jours d'intervalle, passe de « Sémétès curé »à «Sémétès officier public». II est donc élu officier public le jour même où la Convention vote le refus du sursis de la condamnation à mort du roi et la veille de son exécution, lugubre parrainage! II remplit cette fonction jusqu'au 3 mai 1793, un acte de naissance en date du 12 mai est rempli par le maire «en l'absence de l'officier public». II est remplacé à ce poste le 7 juillet 1793. On perd sa trace ce 3 mai: il a dû quitter Saint-Chamant vers le 5 mai 1793, pour vraisemblablement rejoindre sa famille à Goulles ou à Saint-Julien-le-Pèlerin, se cachant durant la période de la Terreur qui débute et qui frappera indistinctement clergés réfractaire et constitutionnel.
II se rétracte en 1798. II réside, en 1802 à Saint-Julien-le-Pèlerin, paroisse toute proche de son village natal, plus proche même que le chef-lieu de la commune de Goulles, il y exerce vraisemblablement le ministère. Lors de la réorganisation des paroisses, le diocèse de Tulle n'ayant pas été rétabli, le clergé corrézien dépend de l'évêché de Limoges et Mgr Du Bourg le nomme curé d'Eyrein le 2 juillet 1803, puis de Saint-Julien-le-Pèlerin le 7 octobre 1804. II devait y résider, ou à Teulet, avant cette date, car il est témoin signataire d'un contrat de mariage se faisant au village de Coubertergue de Goulles le 6 août 1804. I en sera de même au village de Peyroux le 8 juillet 1806.(10)

La gestion des affaires familiales.
La seconde de ses soeurs prénommées Marguerite, épouse de Jean Calvet, était morte à 36 ans au Teulet le 11 avril 1800. Au cours de l'été 1806, une véritable épidémie sévit dans le village du Teulet et va décimer une partie de la famille de Pierre Sémétès. Le 26 juillet 1806, Antoine Madrignac, cultivateur au Teulet et beau-frère de Pierre Sémétès, meurt a 70 ans. Deux mois plus tard, le 24 septembre, sa femme, Jeanne Sémétès soeur du desservant de Saint-Julien-le-Pèlerin, le suit dans la tombe. Le jour de sa mort, «malade

(9) ADC: L 376.

(10) ADC: E 9185.



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judiciaires et par là donner ouverture à des procès dans sa famille et celle du dit Treissac, icelui Madrignac voulant les anéantir, reconnaît qu'il n'a pas d'autre chose à démêler avec la famille dudit Treissac son neveu ni avec la famille Madrignac, les tenant dorénavant et jusqu'à présent quitte de toutes affaires générales quelconques, subrogeant encore ledit sieur Sémétès à son lieu et place pour ladite somme de trois cent soixante six francs (366 f rs).
Pour s'obliger à garantir, ne recevant que son dû, et à l'exécution de la dessus les parties ont affecté leurs biens consistant en fonds de terre et bâtiments, ici savoir ceux dudit Madrignac au lieu de Escabroux et ceux dudit sieur Sémétès au lieu de Teulet... »(13)
Nous ignorons à quoi fait allusion Géraud Madrignac en parlant de faits qui pourraient engendrer des procès entre les deux familles et qu'il veut étouffer. Cependant, le règlement de cette dette ne met pas un terme au devoir de l'abbé Sémétès. En même temps, il doit en rembourser une autre qui, elle, un an après n'est toujours pas éteinte .
Le 11 mai 1808, devant le même notaire comparaît « Pierre Rieu propriétaire demeurant au lieu de Saint-Roufy de Saint-Xantin, Cantal, lequel de son bon gré a déclaré avoir reçu en numéraire de Monsieur Pierre Sémétès (...) la somme de mille quatre cent quatre vingt un francs vingt cinq centimes (1481,25 frs), savoir six cent quatre vingt onze francs vingt cinq centimes (691,25 frs) le 28 mai 1807, trois cent quatre vingt quinze francs (395 frs), le 6 novembre 1807 et autre trois cent quatre vingt quinze francs (395 frs) présentement, le tout formant le première somme dont ledit Rieu tient et promet faire tenir quitte ledit Sémétès et tout autre à peine de dommage et intérêt à imputer icelle somme aux termes de droit des sommes dont ledit Rieu est créancier des héritiers Madrignac suivant transaction entre lui et ledit sieur Rieu passée devant (le notaire en question) sous réserve pour ledit sieur Rieu du restant de son dû et à l'exécution d'icelle.
(En garantie) il a affecté tous ses biens consistant en fond de terre et bâtiment sis audit lieu de Saint-Roufy... »(14)
Dans la gestion des affaires familiales, Pierre Sémétès a dépensé beaucoup d'argent. Sa santé est altérée et depuis quelques temps son équilibre psychique semble atteint. Il veut mettre de l'ordre dans ses affaires et établir le compte de cette gestion. Aussi, le 23 août 1810, fait-il venir le notaire Antoine Laveyrie à Teulet où il s'est retiré depuis quelques jours «pour prendre des remèdes et Elisabeth Madrignac veuve Treissac, sa nièce, faisant tant en son nom qu'en qualité de tutrice légale de ses enfants et dudit feu Treissac (...).
Depuis la viduité de ladite Madrignac, le sieur Sémétès avait perçu les revenus des biens tant de sa dite nièce que de son fils. Enfin il avait sous l'inspection de cette tutrice géré et fait toutes les affaires de la famille. D'un autre côté il avait fait beaucoup d'acquittements soit à la décharge dudit Treissac mari de ladite Madrignac soit à celle d'Antoine Madrignac beau-père dudit Treissac. Les parties s'étant depuis longtemps occupées de se rendre un fidèle compte, après avoir vérifié tant le montant des perceptions faites par ledit sieur curé que les payements et emploi qu'il peut avoir faits, il en est résulté que ladite Madrignac s'est trouvée débitrice dudit sieur Sémétès acceptant, son oncle, la somme de mil quatre cent quatre vingt un francs vingt cinq centimes (1481,25 francs) qu'elle s'oblige payer à son oncle à toute réquisition à peine. Sauf et moyennant, à l'un et l'autre se tiennent dès ce moment quitte de tous les susdits comptes aux promesses de ne plus se rechercher. Et à l'exécution de ce dessus ladite Madrignac affecte tous et chacun de ses biens consistant en fond de terre et bâtiments sis au présent lieu.
Lecture faite, fait et passé en présence de monsieur Adrien Maurice Jaulhac, prêtre habitant au présent lieu, et de Pierre Lacombre propriétaire demeurant au lieu du Tell présente paroisse. »(15)

(13) ADC: E 9186, acte 169.
(14) ADC: E 9188, acte 93.
(15) AOC: E 9190, acte 243

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Sorti de sa maison natale, il avait descendu la pente raide et escarpée qui s'enfonce à travers un bois d'arbres maigres, serrés et touffu baignée de solitude où ne parvient aucun bruit pas même le son du roulement des eaux que l'on rie perçoit qu'à mi-pente. On se sent alors hors du monde. Cette ambiance a, certes, été propre à augmenter l'angoisse du solitaire et la morbidité du malade. Arrivé au bord de l'eau, enfermé de tous côtés par les falaises abruptes de la gorge étroite, assourdi soudainement par le fracas du ruisseau sur les gros rochers, les eaux pouvant être fortes après un temps de pluies, attiré par ce courant tumultueux, il s'y est noyé. Le courant a emporté le corps sur quelques centaines de mètres, l'abandonnant dans quelque courbe où sa vigueur s'est ralentie.

Le modeste héritage
À la suite de ce décès qui aurait pu paraître suspect, et un presbytère étant une habitation où peuvent être mêlés biens privés et publics, les scellés doivent être posés au presbytère de Saint-Julien-le-Pèlerin. Le lendemain de la découverte macabre, «en conséquence de l'article neuf cent onze du code de procédure civilel17J pour la sécurité et conservation du mobilier dudit feu Sémétès et des papier dont il pouvait être dépositaire, (le même juge de paix) se transporte avec (son) greffier audit lieu de St-Julien à l'effet d'apposer d'office les scellés sur les effets dudit Sémétès. Étant arrivé à l'heure de onze du matin et entré dans la maison qu'occupait ledit défunt (il y trouve) Annet Treissac son neveu. (Celui-ci lui déclare) qu'il existait un testament en sa faveur de la part dudit Sémétés qui était entre les mains d'une personne de confiance et qu'il représenterait en temps et lieu. Mais ne voulant s'opposer à l'apposition des scellés, (il est) désireux au contraire (de) faire constater le mobilier de la succession dudit feu Sémétès, son oncle. Après avoir pris et reçu le serment que ledit Treissac a fait devant (lui) de n'avoir rien pris ni détourné (le juge de paix) procède en sa présence à la description des effets qui doivent rester en évidence et y appose des scellés »
«Dans la cuisine de la maison, (il trouve) une petit table, une mest (maie) à pétrir le pain, un saladier, deux plats ovales, un autre rond, le tout en faïence, trois pots de terre pour la graisse, une petite soupière de faïence marbrée, un cantine de verre, deux burettes, une bouteille de verre blanc, une d'Angleterre, cinq verres, un autre pot de terre où il y a un peu de miel, trois pots de fer, deux moyen l'autre petit, une cuillère en fer, deux chenets, une crémaillère et un (?) en forme de crémaillère le tout en fer, un fer pour faire les hosties, une chaise en paille. Dans la chambre au-dessus de la cuisine: une table à quatre pieds en carré long presque neuve, un bois de lit avec la paillasse, le coussin en plume, deux draps de lit et une couverture en laine presque usée, un autre bois de lit garni de sa paillasse, de coète, matelas, deux draps de lit, ses rideaux et pentes en étoffe, le coussin en plume, la couverture dessus mise piquée en laine presque neuve, quatre chaises en paille deux usées, une armoire à deux ouvrants fermée à clef par la serrure de laquelle (le juge) appose une bande de papier attachée aux deux extrémités avec de la cire rouge portant l'empreinte de (son) sceau, et la clef (étant) remise entre les mains du greffier, soixante poignées de (?), une pendule le cadran à la romaine dans sa boite tenant d'un plancher à l'autre fermant à clef dans laquelle (il met) un porte-Dieu en argent trouvé dans la chambre, et sur la serrure de laquelle boîte (il) appose une bande de papier attachée aux deux extrémités avec de la cire rouge portant l'empreinte de (son) sceau.

(17) Décret du 281411806. livre II du code de procédure civile, titre 1K, art. 911: «Le scelle sera apposé soit a la diligence du ministère public, soit sur la déclaration du maire ou adjoint de la commune, et même d'office par le juge de paix, 1 ° si le mineur est sans tuteur, et que le scellé ne soit pas requis par un parent; 2' si le conjoint, ou si les héritiers ou l'un d'eux sont absents; 3' si le défunt etait dépositaire public; auquel cas le scellé ne sera apposé que pour raison de ce dépôt et sur les objets qui le composent.

Dans la chambre à côté de celle cy-dessus: un mauvais bois de lit sans ciel, avec une mauvaise paillasse, un autre bois de lit garni de sa paillasse, d'un matelas, son ciel d'indienne, de ses fermements, ses rideaux et pentes de cadis(18) du pays demy usés et une pente en indienne piquée sur toile au bout du lit le long du mur.
Dans le grenier un petit baril pour le vinaigre, un panier en paille et osier avec son couvert de même forme ovale presque neuf contenant environ quatre setiers.
Dans la cave un panier en paille et osier contenant un setier environ, une couverte en laine rapiécée, deux petits paniers pour la pain, un pot de terre plein de beurre contenant environ deux pintes, deux barriques vuides, un petit entonnoir».
Le juge conclut alors son inventaire: «Ce fait, et ne trouvant plus rien à sceller, ni à décrire, nous avons laissé nos scellés sains et entiers, et les objets décrits et restés en évidence en la garde et possession dudit Annet Treissac qui s'en est chargé comme dépositaire judiciaire et a promis représenter le tout quand et à qui il appartiendra. (...) »(1g)
Les héritiers de Pierre Sémétès veulent récupérer les meubles de l'abbé. Aussi le 22 octobre 1810, devant le juge de paix du canton de Mercoeur «comparait Annet Treissac, propriétaire domicilié à Teulet, lequel en sa qualité d'héritier testamentaire qu'il dit être de feu Pierre Sémétès son oncle (...) dit vouloir faire procéder à le levée des scellés apposés le 19 septembre 1810 sur les papiers, titres et effets dont pouvait être nanti son oncle (et revenant à la) communauté de Saint-Julien-le-Pèlerin. Et requiert le juge de se transporter au presbytère de Saint-Julien aux fins de reconnaître et de lever les scellés pour être de suite fait l'inventaire »(20). Sont convoqués l'abbé Dumas, curé de Goulles, Pierre Laronde, maire de Saint-Julien. Le lendemain le juge de paix Henry Lacambre se rend avec son greffier à ce presbytère(21).
Ainsi, le «23 octobre 1810, sur réquisition verbale d'Annet Treissac cultivateur du lieu de Teulet, Antoine Laveyrie, notaire à la résidence de Goulles et (divers) témoins se transportent (à) St-Julien-le-Pèlerin dans la maison presbytérale où (ils) trouvent le juge de paix du canton assisté de son greffier. Ledit Treissac et ce dernier disent que sur le décès arrivé de feu Pierre Sémétès, prêtre, son oncle, (...) les scellés avaient été apposés par le sieur juge sur les meubles de feu son oncle aux fins de la conservation des objets qui pouvaient appartenir à ladite Eglise ou à la communauté de Saint-Julien, que désirant retirer les meubles qui lui appartiennent, il avait requis le juge pour reconnaître lesdits scellés et procéder à leur rémotion(12) et cela fait (...) être de suite procédé à l'état descriptif de ce qui se trouverait sous les scellés appartenir à ladite Eglise et communauté.
En présence de sieur Pierre Laronde maire (réquisitionné), après que ledit sieur juge ait reconnu les scellés apposés sur une garde-robe dans la chambre dessus la cuisine dudit presbytère (...il a été) procédé à l'inventaire comme suit et dans lequel (a été) trouvé» : six pièces de procédure à la requête du maire dont le contrat de vente de ladite maison curiale constituant un premier lot. Le reste réparti en huit lots côtés 2 à 9 concerne des dispenses de mariage de paroissiens de St-Julien, 36 mandements de l'évêque de Limoges et toute la collection des registres de catholicité de cette paroisse de 1801 à 1810.
Le premier lot est remis au sieur Laronde, maire de Saint-Julien et les autres à l'abbé Dumas, desservant de Goulles, comme étant le prêtre le plus voisin. Les scellés qui avaient été posés sur la caisse de la pendule sont également levés, il n'y est trouvé que le petit

(18) Cadis: Sorte de serge de laine du genre du drap, assez épais et non peigné, de bas prix.
(19) ADC: 7Uo3,ar.e 148.
(20) ADC: 7 U o 3, acte 165.
(21) ADC: 7 li o 3, acte 166.
(22) Remotion: néologisme utilisé à la place de ''expression latine a remous: misa l'écart

porte-Dieu en argent qui est remis au maire.(23) Il est à noter que les registres de catholicité de la paroisse de Saint-Julien-le-Pèlerin décrits dans l'inventaire ci-dessus, concernant la période durant laquelle l'abbé Sémétès en a été curé et qui sont transmis au curé de Goulles, ont disparu.
Le décès de l'abbé Sémétès est transcrit à l'état civil de Saint-Julien-le-Pèlerin selon le constat du juge de paix de Mercoeur, cependant, bien que mort sur le territoire de Goulles, il n'est pas enregistre dans cette commune. Il n'est pas rare qu' une mort brutale, violente ou suspecte, surtout s'il s'agit d'un personnage particulier, laisse des traces dans la mémoire collective locale sous forme de tragédie que la tradition orale transforme pour en faire une légende. Ici rien de tel, à Goulles aucun souvenir, même confus, de ce drame. Le nom de Sémétès ne dit rien à personne. Plus de souvenir, plus d'acte de naissance, pas d'acte de décès, plus de témoignage de son rôle de curé de la paroisse toute proche de Saint-Julien-le-Pèlerin. Pierre Sémétès n'existe plus pour Goulles.
Pour conclure, nous pouvons constater, tout au fil de la vie de Pierre Sémétès, la présence tutélaire de l'abbé Adrien Maurice Jaulhac. En effet, celui-ci est témoin lors du premier acte notarié le concernant: l'établissement de son titre clérical du 19 août 1788, puis au chevet de sa soeur qui le fait son héritier le 26 juillet 1806, puis encore à quelques jours de sa mort quand il règle ses affaires de famille. L'abbé Jaulhac, de seize ans plus âgé que Sémétès, joue auprès de lui le rôle de grand frère, de père; peut-être est-il à l'origine de sa vocation. II lui survivra une quinzaine d'années et meurt le 16 août 1825, ayant desservi depuis la Révolution la chapelle rurale du Teulet.
Janvier 2008

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