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crééé 30/06/09
MAJ le 13/08/09
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Le Certificat d'Etudes Primaires

Voir page les fondements de l'école publique (Jules Ferry)


Académie de Limoges - Département de la Corrèze
Certificat d'Etudes Primaires délivré à un élève de Xaintrie le 23 juin 1967

Le certificat d'études primaires (CEP) était un diplôme sanctionnant la fin de l'enseignement primaire en France. L'intitulé officiel du CEP était Certificat d'études primaires élémentaires (CEPE), communément appelé certificat d'études ou même le « certif' ».
Le Certificat d'Etudes Primaires était le premier diplôme exigé pour la titularisation dans les administrations, services publics et collectivités territoriales. Il devait donc attester que son "impétrant" possèdait ce qu'il n'était pas permis d'ignorer : savoirs de base en lecture, écriture, calcul, sciences, mais aussi vie pratique. L'Ecole a dû le doter d'une robuste armature morale et citoyenne, même non sanctionnée par une épreuve du CEP.

Succédant en 1945 au Cours Supérieur, la classe de Fin d'Etudes Primaires a officiellement existé jusqu'à la fin des années 60, avant la réforme dite du Collège Unique, mettant en oeuvre une ordonnance de 1959 qui prolonge la scolarité obligatoire jusqu'à 16 ans. Elle est alors remplacée, dans les collèges (d'Enseignement Général, C.E.G. et d'Enseignement Secondaire, C.E.S.) par les classes de 6e et 5e de Transition, vers lesquelles sont orientés les élèves qui, à 12 ans, n'ont pas atteint le niveau de l'entrée en classe de Sixième dite "normale". Les Classes de 4e et 3e Pratique accueilleront les jeunes de 15 et 16 ans, qui passeront en fin de scolarité un Diplôme de Fin d'Etudes Obligatoires (D.F.E.O.)

C'est ainsi que pendant longtemps, pour la majorité des lauréats, le certificat d'études primaires marquait la fin de l'instruction obligatoire et l'entrée dans la vie active. Il sanctionnait une scolarité primaire plus longue que celle d'aujourd'hui et couronnait un cursus de sept ans : après les deux années de cours moyen, il y avait encore deux années de Classe de fin d'études primaires, suivies par des élèves qui n'étaient pas entrés en enseignement secondaire.
Souvent scindée en deux (FE1 et FE2), la classe préparait, comme le faisait auparavant le Cours Supérieur, aux épreuves du Certificat d'Etudes Primaires Elémentaires (C.E.P.E, souvent abrégé en CEP, ou Certif). Elle est la classe de fin d'études tout court. La plupart de ses élèves entreront dans la vie active, presque toujours dès la fin de l'année scolaire, parfois sans aucun diplôme dès la fin de l'obligation scolaire (13e anniversaire avant 1936, 14e après).


Académie de Clermont - Département de la Corrèze
Certificat d'Etudes Primaires délivré à un élève de Xaintrie le 20 juillet 1915

Historique

1866 : sous l'impulsion de Victor Duruy, une circulaire du 20 août met en place un certificat d'études primaires et en laisse la libre organisation aux Inspecteurs d'Académie.

1882 : le Certificat d'études primaires est institué par la loi Jules Ferry du 28 mars 1882. Par cette loi, l'instruction primaire devient obligatoire de 6 à 13 ans (1).

1936 : le Front Populaire (Jean ZAY, loi du 9 août 1936) rend l'école obligatoire pour tous jusqu'au 14e anniversaire;

1946 : le certificat d'études primaires ne s'adresse qu'à des élèves n'étant pas rentrés au collège.

1959 : La réforme du ministre de l'Éducation nationale, Jean Berthoin (ordonnance du 6 janvier), prolonge l'instruction obligatoire jusqu'à 16 ans. Mais la mise en application complète de cette mesure durera plus de dix ans. C'est dans l'année des 14 ans (2) que l'on peut passer le Certificat d'Etudes Primaires (CEP). Les classes de fin d'études primaires disparaissent peu à peu, avec l'allongement de la scolarité obligatoire, puis la mise en place du collège unique en 1975.

1972 : le certificat d'études primaires ne s'adresse plus qu'aux adultes et en 1988, ils sont moins d'une centaine de candidats. Cette très importante diminution est dû au fait que le certificat d'études était le premier niveau de diplôme exigé pour pouvoir être titularisé dans la fonction publique. Mais à partir de 1983, les personnes qui ne sont plus soumises à l'obligation d'instruction (âgées de 16 ans et plus), sans diplôme et sans qualification professionnelle reconnue, peuvent présenter le Certificat de formation générale (CFG), son obtention donne l'équivalence du CEP.

1989 : par le décret n° 89-607 du 28 août, le certificat d'études primaires est supprimé. Ainsi, le certificat d'études primaires a existé pendant plus de cent ans.


(1) L'article 6 précise : « Il est institué un certificat d'études primaires ; il est décerné après un examen public auquel pourront se présenter les enfants dès l'âge de onze ans. Ceux qui, à partir de cet âge, auront obtenu le certificat d'études primaires, seront dispensés du temps de scolarité obligatoire qui leur restait à passer. »

(2) Les enfants de 14 ans pouvaient être :

- élèves d'une école primaire, en classe de Fin d'Etudes : on y prépare le CEP; généralement, l'école y présente tous ceux qui ont l'âge. Dans certaines classes, redoutant les échecs qui peuvent nuire à leur avancement (certains inspecteurs tenaient compte des taux de réussite aux examens pour noter les instituteurs), les maîtres refusaient de présenter les élèves qui leur paraissaient n'avoir aucune chance; ceux-ci pouvaient s'y présenter individuellement.

- élèves d'un Cours Complémentaire, d'un Collège ou d'un Lycée (en 5e ou 4e généralement). Ces établissements les informaient de l'examen, les inscrivaient s'ils le souhaitaient, parfois organisaient une rapide préparation aux épreuves d'histoire, géographie, sciences, leur niveau en calcul et français devant être suffisant pour affronter les épreuves du CEP.

- ailleurs (attardés dans des "petites" classes primaires, instruits dans les familles etc.)

Certains élèves quittaient l'école le jour de leur 14e anniversaire sans attendre l'examen, soit parce qu'ils n'avaient pas le niveau, soit pour des raisons familiales ou économiques. Ils entraient dans la vie active, selon les solutions trouvées par l'entourage : apprentissage chez un artisan ou un commerçant, emplois non qualifiés dans les ateliers, usines ou exploitations agricoles... Les filles, dans une importante proportion, restaient à la maison pour aider aux travaux ménagers et s'occuper des autres enfants ou nourrissons du foyer. Cela arrivait aussi aux titulaires du CEP sortant de l'école primaire; moins de la moitié poursuivait une formation générale (entrée directe en classe de 5e de Cours Complémentaire) ou professionnelle (Centre d'Apprentissage, futurs Collèges d'Enseignement Technique, actuels Lycées Professionnels). Le CEP leur ouvrait l'accès (avec perspective de titularisation) à des emplois dans des services publics (PTT, SNCF) ou des administrations.



Merci à C.G. pour le cahier de morale

Sur le cahier de morale (1) on peut lire :
'la sincérité crée la confiance et rend possible la vie en société.' ,
'mentir c'est la même chose que d'être lâche ..' ,
' copier c'est voler une récompense, c'est manquer à l'honneur.'


(1) ©Encre Violette, claudetaudin.monsite.wanadoo.fr

Epreuves

En 1867, l'examen comporte trois épreuves écrites (orthographe, style, calcul) et cinq épreuves orales (lecture, histoire sainte, grammaire, calcul au tableau, système métrique). L'écriture est évaluée sur le texte de la dictée. L'examen est obtenu si le candidat obtient la moyenne à l'ensemble des épreuves et s'il n'a pas fait plus de dix fautes à la dictée.

En 1897, l'examen comporte trois épreuves écrites (dictée, calcul, rédaction portant sur la morale, l'histoire-géographie ou les sciences), une épreuve de couture pour les filles, une épreuve de dessin ou d'agriculture pour les garçons, des épreuves orales (lecture-récitation, histoire-géographie). L'examen est obtenu si le candidat obtient la moyenne aux épreuves écrites et la moyenne à l'ensemble des épreuves. Le zéro est éliminatoire. L'écriture est évaluée sur le texte de la dictée.
Vers les années 1950, l'examen se passe en une journée et comprend

- Une épreuve de rédaction (50 min) sur 10 points avec deux sujets au choix
- Une épreuve d'orthographe (50 min) sur 20 points comprenant
----- une dictée d'environ 100 à 150 mots sur 10 points
----- trois questions :
------ une question de compréhension générale
------ une question d'explication d'une expression
------ une question de grammaire
- Une épreuve de calcul (50 min) comprenant deux exercices ou problème de 8 et 12 points
- Une épreuve de sciences (20 min) sur 10 points
- Une épreuve d'histoire et géographie (20 min) sur 10 points
- Une épreuve de calcul mental (cinq questions) sur 5 points
- Une épreuve de lecture sur 5 points
- Une épreuve de chant ou récitation sur 5 points
- Une épreuve de dessin, travaux manuels ou couture (50 min) sur 10 points
- L'écriture est évaluée sur 5 points

Pour être reçu, il faut n'avoir eu zéro ni en orthographe, ni en calcul, avoir obtenu la moyenne à l'ensemble rédaction-orthographe-calcul-sciences, avoir obtenu la moyenne à l'ensemble des épreuves.
A la fin du XIXe siècle, les lauréats se décoraient d'insignes et breloques dignes du Conseil de Révision des conscrits.

L'examen se déroulait au chef-lieu de canton. Y être présenté par l'instituteur était déjà méritoire; l'obtenir était une performance. Le jury était composé d'institutrices et instituteurs d'un canton voisin, parfois de délégués cantonaux. Le candidat et la candidate classés Premier et Première du Canton connaissaient une gloire locale qui rejaillissait sur leurs enseignant(e)s. Cet événement cantonal donnait lieu à diverses manifestations d'intérêt des amis de l'école : notables locaux, délégués cantonaux offraient souvent des prix aux meilleurs lauréats. Dictionnaires et livrets de Caisse d'Epargne étaient largement distribués. A partir de 1945, le CEPE donne droit à l'entrée en 2e année de Cours Complémentaire (appelée plus tard classe de 5e, pour homogénéisation avec les collèges et lycées).


Académie de Limoges - Département de la Corrèze
Brevet Sportif Scolaire délivré à un élève de Xaintrie

Une étude intéressante menée par G. Delbrayelle sur 121 élèves sortis de l'école rurale d'Havernas (Somme) entre 1880 et 1952 nous apprend que 70% entrent dans la vie active dès 13 ou 14 ans (84 cas), une grande majorité (66%) travaillent dans la famille (79 cas ), 54% travaillent "dans la culture" avec leurs parents (65 cas ), quelques-uns entrent à l'usine (3 cas) ou en service domestique ( 2 cas ). Seulement 30% continuent dans d'autres écoles (37 cas).

Les choses se présentaient différemment selon qu'on vivait en ville ou à la campagne : un élève de 11 ans a plus de chances de se retrouver au Cours Complémentaire ou au Collège si ces structures existent sur place. La famille hésite, dans un village distant de 10 ou 15 km du chef-lieu de canton où sont ces établissements, à sortir l'enfant de l'école primaire où il peut encore rester deux ans (les transports scolaires, à l'époque, n'étaient pas développés comme aujourd'hui, la bicyclette par tous les temps en tenait lieu).

Un examen spécial, le Certificat d'Etudes pour les adultes, donnait une nouvelle chance à ceux qui avaient besoin de ce diplôme pour se faire titulariser dans un emploi qui statutairement l'exigeait (facteur, cantonnier etc.). Il est maintenant remplacé par un Certificat de Formation Générale, ouvert aux candidats qui, au 31 décembre de l'année où ils se présentent, ne sont plus soumis à l'obligation scolaire (16 ans révolus). Il donne à ses titulaires les mêmes droits que le CEPE. La session a généralement lieu vers la mi-décembre (se renseigner à l'Inspection Académique du département).


Le Certificat d'Etudes Primaires

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