Mon grand-père, Henri Aulong né en 1867 dans cette maison, y a toujours vécu ; propriétaire, il avait plusieurs cordes à son arc, il était menuisier ébéniste, avait une ferme et une scierie à vapeur.
Le café devait exister au temps de ses parents mais à sa naissance, sa
mère était veuve. C’était un homme travailleur, infatigable, aimant le
travail bien fait. Il a épousé ma grand-mère, Marie-Antoinette en 1898. Elle était native de la Chauvarie, un village de Marcillac-la-Croisille. Un ami lui avait recommandé cette jeune fille de bonne famille. Elle e racontait que son adaptation à Auriac avait été difficile et me disait : « la mentalité n’était pas la même de l’autre côté de la Dordogne ». Cette Dordogne que le passeur lui faisait traverser au Roffy, afin qu’elle remonte à travers bois, pour aller deux ou trois fois pas an voir les siens.
Elle a épousé mon père Jules Hourtoule en 1930 ; il était apprenti menuisier chez mon grand-père. Ils ont vécu sept ans à La Croix de l'Arbre, où je suis née. Ensuite mon père a construit une maison à Coujouls que nous avons habitée en 1937. Maman, femme au foyer, occupait ses
journées au jardinage sa passion, au tricotage, au crochet et à la
broderie. Mais le commerce et le contact avec les gens lui manquaient.
Trente ans après, en 1967, après le décès de ma grand-mère, mes parents ont décidé de s’installer à nouveau à La Croix de l'Arbre et de rouvrir le commerce, pour faire revivre cette maison. Mon père
étant à la retraite a procédé à certaines réfections en modernisant un
peu.
Pendant des années, les joueurs de foot ont passé la 3ème mi-temps le dimanche soir à La Croix de l'Arbre,
où ils se sentaient libres et bien accueillis. Maman animait parfois
ces soirées en sortant son tourne-disque, pour passer les bourrées de
Jean Ségurel, les Bruyères corréziennes ou la chanson des Gabariers que
tous reprenaient en chœur avec elle. Elle oubliait sa fatigue dans la
joie et la bonne humeur. Parfois au retour de leurs virées, elle leur
préparait la soupe à l’oignon. Les coupes nombreuses trônaient sur une
étagère de la cuisine et c’était sa fierté, autant que celle des
joueurs.
Le commerce était sa raison de vivre, sa porte toujours ouverte pour
accueillir les passants. Je ne dois pas oublier sa passion pour
l’écriture épistolaire et aussi les nouvelles, puisque pendant 45 ans
elle a été correspondante au journal « La vie Corrézienne ». Elle a tenu son commerce pendant 30 ans et se dérivatif a comblé sa solitude, après le décès de mon père.
La veille de sa mort en décembre 1996, elle était encore à son poste à
88 ans et demi et elle avait accueilli beaucoup de clients comme s’ils
étaient venus ce jour là lui dire adieu.
Je souhaite une longue vie à cette maison familiale.
ME
Extrait du manuscrit original réalisé par Marinette
à la demande des Carnets d'ICI
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Juin 1933. Marie-Antoinette Aulong; 83 ans entourée de ses 3 filles. Fernande a 47 ans
Jules Hourtoule et Fernande Aulong
le lendemain de leur mariage, août 1930
3 générations
de g à d : Marinette (fille de Fernande),
Marie-Antoinette (mère de Fernande) et Fernande
Marie-Antoinette Aulong à La Croix de l'Arbre
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