|
Le château de Montfort surplombe la Dordogne. Il aurait pu, comme le château de Val, et se mirer dans le lac prévu par les aménagements hydro-électriques de cette rivière.
Edifié sur le même plan que ses congénères, il en diffère sensiblement, car, contrairement à la coutume locale, ses trois tours sont carrées.
Montfort, dans le principe, relevait de Miremont; son propriétaire, Pierre d'Autressal, damoiseau mauriacois, en prit même le nom lorsqu'il fit hommage à son suzerain. Mais déjà il n'en était plus le propriétaire unique ayant vendu en 1329, la majeure partie de cede ce repaire à un seigneur voisin Bertrand de Sartiges qui, lui aussi, sans doute pour faciliter la tâche des historiens futurs, en prit également le nom.
Montfort relevait aussi de la seigneurie d'Ortrigiers et à ce titre le même Pierre d'Autressal, dont nous venons de parler, rendit hommage en 1346 au commandeur de Carlat.
Puis apparaît comme possesseur du château un certain Guillaume des Vaysses dont la femme, Galéane de Bort-Pierrefitte, testa à Montfort en 1349 dans la propre chambre de Bertrand de Sartiges. Le mari de la testatrice, habitait encore Montfort en 1361. Cette famille des Vaysses, alias de Battut, posséda dans la suite le château d'Arches, dont la grosse tour adossée à l'église du lieu est le dernier vestige. Elle l'avait acquis en 1475 du doyen de Mauriac.
L'histoire généalogique des Maisons de Battut des Vaysses et d'Autressal, à Montfort, à Sourniac et ailleurs. est encore très confuse malgré les louables efforts du baron de Sartiges d'Angles pour y apporter un peu de clarté, et il nous faut arriver au mariage de Gabrielle de Battut, dame de Montfort, avec Gabriel de Murat-Rochemaure, le 2 décembre 1527, pour établir avec certitude une chronologie.
Les Murat-Rochemaure sont éteints, mais le nom de Rochemaure, petit castel de la paroisse de Lanobre, aux portes de Bort, a été relevé au siècle dernier par Anne-Louis-Hercule-Félix, duc romain de La Salle de Rochemaure descendant des Murat par les femmes, camérier de cape et d'épée de Léon XIII, menant grand train, recevant beaucoup, tant dans ses châteaux cantaliens de Clavières-Ayrens près d'Aurillac, ou du Doux près d'Yolet, que dans son bel hôtel parisien de la rue de l'Université, habité jadis par Cambacérès.
Il est mort en 1915 et, fatalité singulière, il ne reste rien aujourd'hui de son œuvre : toutes ses propriétés vendues, mutilées, morcelées ses châteaux abandonnés, incendiés, en partie détruits, voués à une ruine prochaine, son parc rasé, son mobilier, sa riche bibliothèque dispersés au feu des enchères et, n'étaient les quelques mètres carrés où, en attendant la ruine de la petite chapelle du Doux, repose sa dépouille, rien ne rappellerait dans nos montagnes le duc de La Salle de Rochemaure et ses ancêtres !
Bien que n'ayant pas quitté la famille, nous voilà loin de Montfort !
Le dernier Murat-Rochemaure, Antoine, major au régiment d'Orléans-dragons, mourut sans postérité léguant cette terre à son petit neveu, messire Guillaume d'Humières, seigneur de Loubejac, chevalier de Saint-Louis, et, comme lui, major dans Orléans-dragons. Celui-ci habitait surtout Aurillac et de son mariage avec Marie-Louise de Leygonie laissa deux fils : le cadet Joseph, né à Aurillac le 8 septembre 1753, mourut archevêque d'Avignon le 21 septembre 1834; l'aîné Pierre-François-Joseph, né aussi à Aurillac le 20 janvier 1752, épousa en 1777 la fille de Charles-Joseph de Saint-Martial, baron de Conros et continua la lignée des seigneurs de Montfort.
C'est sur son petit-fils François-Victor-Joseph-Léon, comte d'Humières, que le château et le domaine de Montfort furent expropriés et adjugés à la barre des criéées du tribunal civil de Mauriac, le 19 octobre 1894, à Pierre Lafon, dont la famille en est toujours propriétaire.
Extrait de 'La prévôté de Mauriac' par le Dr René de Ribier (1841-1924) |
